mardi, avril 18, 2006

LE LAC.


Ainsi, toujours poussés vers des nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportée sans retour
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des anges
Jeter l’ancre un seul jour ?

O lac, l’année à peine a fini sa carrière
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir ;
Regarde! Je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés
Ainsi le vent j’étais l’écume de tes ondes.
Sur ces pieds odorat

Un soir t’en souvient-il ? Nous voguions en silence.
On entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos :
Le flot fut attentif, et la voix qui mes chères
Laisser tomber ces mots.

“ O temps ! Suspends ton vol, et vos heures propices
Suspendez votre cours.
Laissez-nous savourez les rapides délices
De plus beaux de nos jours.

Assez de malheureux ici bas vous implore
Coulez, coulez pour eux.
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent
Oubliez les heureux !

Mais je demande en vain quelques moments encore
Le temps m’échappe et fuit,
Je dis à cette nuit : “soit plus lente” et l’aurore
Va dissiper la nuit.

Aimons donc, aimons donc de l’heure fugitive
Hâtons-nous, jouissons ?
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive
Il écoule et nous passons ? ”

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse
Où l’amour à long flots nous verse le bonheur
S’envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheurs.

Et quoi ! N’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! Passés pour jamais ! Quoi ! Tout entier perdu !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous le rendrons plus.

Éternité, néant, passé, sombres abîmes
Que faites-vous des jours que vous engloutissez
Parlez, nous rendrez-vous ces extases sublimes !
Que vous vous ravissez ?

O Lac ! Rochers muets ! Grottes ! Forêt obscure !
Vous que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature.
Au moins les souvenirs !

Qu’il soit dans ton repas, qu’il soit dans tes orages
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noires Sapin, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux !

Qu’il soit dans le Zéphyr qui frémit et qui passe
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
De ces molles clartés !

Que le vent qui gémit, le roseau qui respire
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce que l’on voit ou respire
Tout dise ”ils ont aimé ! ”

Les méditation poétique :Alphonse Lamartime.
(adapté par Symphorien Hakizimana)

1 commentaire:

Chalet Sympholine a dit...

Cette poésie de Lamartine, me rappel de la classe de 5e moderne ou nous avons l'obligation de le prendre par coeur et le reproduire dans l'examen final. Les amis de la Lycée de la Démocratie s'en souviendra avec le Prof. Mme Buganyira. Bcp d'intrigue dans ce poéme, lire vous comprendrez de ce que je veux dire...